Compagnie Les Mues
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Compagnie Les Mues
La Compagnie Les Mues est née de la rencontre entre Gwenola Breton, auteure et dramaturge, et Sophie Jacotot, danseuse et chercheuse en histoire de la danse. De leurs parcours protéiformes naît le désir commun de créer des spectacles faisant dialoguer le corps dansant avec le texte et la musique, selon une démarche exigeante qui mobilise supports partitionnels (notation Laban, écriture musicale), répertoires dits « traditionnels » et création contemporaine.
Tissant un fil entre récits intimes fictionnés et histoire collective, elles interrogent la place des spectateur.ices et celle des interprètes. L’un des enjeux de leur recherche chorégraphique, enrichie des rencontres avec d’autres artistes (musicien.nes, plasticien.nes...), est de questionner le rapport à l’autre, entre hostilité et hospitalité, dans le champ politique, esthétique et sociétal, selon une approche résolument inclusive.
Le triptyque Sorry We Are Close (S.W.A.C.) de Gwenola Breton est le premier projet porté par la compagnie. La création du premier volet #1 Traque (solo dont Sophie Jacotot est l’interprète) est prévue à l’automne 2024, puis suivront les deux autres volets, #2 Traces et #3 Troubles.
La Compagnie porte également des projets de médiation en lien avec ses créations, notamment des ateliers d’écriture et de composition destinés à différents publics, des transmissions d’extraits d’œuvres chorégraphiques d’après partition, ainsi que des conférences dansées sur l’histoire de la danse. Nous souhaitons particulièrement, à l’image de la démarche de la compagnie, faire dialoguer l’oral et l’écrit, le « savant » et le « populaire », le corps et le texte, la partition et la voix.
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Gwenola Breton
Auteure et dramaturge, metteuse en scène
Elle se forme très tôt à la musique classique et traditionnelle et assiste à des représentations de théâtre successives en suivant sa mère comédienne en tournée. De ces deux expériences primaires fortes, elle retient le gout de la langue orale et s’attèle naturellement à l’écriture poétique. Depuis 2010, elle collabore régulièrement avec des compagnies de théâtre et de danse, à l’écriture de textes sur commande. Elle participe également à plusieurs festivals en tant qu’auteure de fictions sonores. En 2013, elle crée le texte du spectacle de rue Je suis un pur produit de ce siècle, de Lise Casazza, présenté à Chalon en 2015 et en 2017 elle écrit et met en scène avec Lise Casazza le conte dansé, Enfant. Elle publie également deux livres, Manuel pour dire au revoir chez Bleu d’Encre et Le Pou du ciel aux éditions Le port a jauni. En 2019 elle amorce la création d’un spectacle et rencontre Sophie Jacotot, danseuse, à qui elle propose de collaborer. De ce duo naît la compagnie Les Mues. Gwenola Breton travaille en parallèle dans le milieu associatif depuis 2000 et initie des actions culturelles dans les domaines du cinéma et de la littérature, à Toulouse puis dans la Drôme. Portée par le goût de la transmission et des projets avec les publics, son expérience de la programmation et de la production lui permet d’assurer aujourd’hui un rôle de codirection au sein de la compagnie Les Mues et d’envisager ses propres créations pour la scène.
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Sophie Jacotot
Danseuse, chercheuse
Sophie Jacotot chemine dans plusieurs univers chorégraphiques, des danses arabo-berbères (Cie Saâdia Souyah) à la danse contemporaine, en passant par le tango dit « argentin ». Pendant plus de 10 ans, elle a travaillé auprès de la chorégraphe Dominique Brun en tant que chercheuse, assistante et interprète autour du répertoire des Ballets russes pour ses pièces Sacre # 2 (2014), Jeux. Trois études pour sept petits paysages aveugles (2017), et Noces (2020). Elle s’intéresse parallèlement aux systèmes de notation du mouvement et se forme à l’écriture Conté avec Michelle Nadal et Catherine Augé, puis à la cinétographie Laban au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP) avec Noëlle Simonet. Dans ce cadre, elle danse et transmet des pièces de la première modernité chorégraphique (Isadora Duncan, Ruth Saint-Denis, Doris Humphrey…). Passionnée par les danses de bal et leur histoire, elle a publié le fruit de ses recherches dans l’ouvrage Danser à Paris dans l’entre-deux-guerres. Lieux, pratiques et imaginaires des danses de société des Amériques (1919-1939) et contribué à différentes publications, expositions, émissions de radio ou films documentaires sur le sujet. Installée dans la Drôme depuis 2017, elle danse pour la compagnie de danse en espace public Solsikke (Marie Chataignier) et crée avec Gwenola Breton la Compagnie Les Mues en 2020.

Créations

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#1 Traque
Solo de danse
Note d'intention

La traque, c’est le temps de l’observation. Long. Lent. Le rapport de proximité. Proche mais pas trop. Suivre, apprendre à connaître, se familiariser. Puis l’urgence. L’assaut. La transgression. En tout premier lieu, je ressens profondément la nécessité d’explorer, dans ce rapport de force, le rapport à l’urgence. Lorsque l’être vivant est en situation de stress, il ne peut pas agir ou réagir comme il le fait d’ordinaire. Subermergé.e.s par les émotions, ressenties, partagées, nous sommes acculé.e.s comme des bêtes traquées. Nous réduisons nos rapports à l’autre à nos plus simples instincts de lutte, de protection. Voilà le chemin de ce premier volet du triptyque. La mise en place d’un procédé de prédation, de capture, accélérateur et vecteur de stress, et la résistance qui se met en place dans un inéluctable face à face. Rester à l’affût, en alerte. Une résistance des corps que sous-tend la tension, cette « force qui agit de manière à séparer les parties constitutives d'un corps » et qui est au cœur de mon questionnement. Que vit le corps, que traverse-t-il lorsqu’il est acculé ? Il ne s’agit pas d’apporter une réponse mais d’expérimenter les rapports (de force, de soumission…) et les risques qui en découlent.

#1 Traque fait appel à trois dimensions :

De façon symbolique, il revêt une dimension politique : l’individu dominé, la personne assignée à une place, dont le programme préétabli la réduit à une fonction, malgré, voire contre ses désirs propres. Les personnes en exil. Les nomades. Les étrangers. Les femmes, longtemps considérées comme folles, hystériques, ou sorcières. Toute personne qui se retrouverait à la marge. L’Histoire raconte trop souvent le récit glorieux du héros, celui qui a gagné, qui a terrassé l’autre. Rarement le récit de celui qui a résisté en silence, au péril de sa vie et qui en est mort. Face au réel, une dimension historique, à travers le récit d’inspiration autobiographique d’une personne qui tente de nommer ce dont son corps hérite. La transmission par le corps de la violence subie, de génération en génération, ici à travers l’exemple du génocide des Arménien.nes. Survivances, résurgences et renaissance. Là où ressurgissent les fantômes, ravivant la peur engendrée lors de la tentative de destruction de l’individu, l’intrusion sur son territoire, le franchissement de ses limites, mettant en péril son intégrité. De façon plus imaginaire, une dimension mythologique. La figure d’Artémis représente celle qui permet les passages, elle est la gardienne de ces moments fragiles que sont les métamorphoses. Elle impose aussi, en tant que femme, un interdit majeur - ne jamais la voir nue – qui est sciemment transgressé par Actéon (pulsion scopique). L’équilibre qu’Artémis représente bascule alors par l’effraction d’Actéon. Retournant la violence de son agresseur contre lui-même, Artémis le métamorphose en biche pour qu’il soit mangé par ses propres chiens. Ce que je désire garder d’Artémis c’est avant tout son « entre deux mondes » car ce qui m’intéresse, c’est ce qui se trouve en bordure, le « borderline », mot qui contient à la fois l’idée de zone, mais aussi d’instabilité. Franchissement des limites (interdits, territoires intimes de l’autre). Point bascule (équilibre rompu et basculement dans la sauvagerie par la mise à mort). Artémis est un personnage dual qui contient de façon ambiguë la notion de don (aide à la naissance) et de soustraction.

Conception et Chorégraphie : Gwenola Breton · Interprétation : Sophie Jacotot · Création musicale : Lionel Malric · Scénographie : Aurélie Lemaignen · Création lumière : Agathe Patonnier · Création vidéo : Jane Kozlowski · Création accessoires : Lucile Chemarin · Regard extérieur : Clarisse Chanel
Éléments techniques

Lieu de représentation : salle de spectacle, avec rideau de fond de scène noir et tapis de danse noir · Matériel de diffusion : son et lumière · Jauge : 200 personnes · Durée : 40 minutes

Déploiements

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# 1 Traque - Parcours de médiation

Ateliers autour de la métamorphose (danse et écriture) / Collèges :

Ces ateliers alliant danse et écriture sont destinés en priorité à des collégien.nes (niveau 4e-3e), public particulièrement sensible à la question de la mutation/transformation qui traverse le travail de la compagnie. En lien avec la création #1 Traque, nous explorerons notamment les notions de fragilité et de puissance, en nous appuyant sur les imaginaires et les représentations qu’en ont les élèves. Comment dépasser la binarité, et les stéréotypes qui lui sont liés ? Plusieurs dispositifs d’écriture textuelle et de composition chorégraphique pourront être envisagés, mais nous souhaitons particulièrement, à l’image de la démarche de la compagnie, faire dialoguer l’oral et l’écrit, le « savant » et le « populaire », le corps et le texte, la partition et la voix.

Ateliers en lien avec la notation de la danse / Collèges-Lycées :

Avec un travail sur le corps mobilisant notamment les outils de Rudolf Laban appelés « Effort-shape », on revisitera des notions fondamentales en danse comme celles de tension, de résistance, de support. Des extraits d’œuvres patrimoniales en lien avec les thématiques qui traversent le spectacle (mutation, geste combatif, geste sportif) pourront être transmis d’après des partitions chorégraphiques en cinétographie Laban (Polonaise de Ted Shawn, Lamentation de Martha Graham, Couples d’Yvonne Rainer…). Ils pourront dans un second temps servir de support à des improvisations et des compositions personnelles des élèves.

Ateliers du regard autour de la métamorphose :

Un ensemble de films de danse choisis en fonction des classes d’âge (collèges/lycées/tout public) et puisés dans le patrimoine chorégraphique, permettra en amont du spectacle, de familiariser les différents types de publics avec les thématiques de #1 Traque, ainsi qu’avec l’événement « spectacle de danse » lui-même. L’idée de ces ateliers du regard est de favoriser la parole autour de l’objet spectaculaire et de permettre aux différents publics de se familiariser avec le dispositif et les enjeux (esthétiques, politiques, économiques, techniques…) d’un spectacle de danse contemporaine.

Événement

Cinédanse à Saillans · 5/6 octobre 2024

Contact

Compagnie Les Mues

17, rue de la paix, 26 340 Saillans

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